Lettre ouverte au Conseil du trésor

Il y a quelques semaines, en pleine période de renouvellement des protocoles d’ententes des groupes communautaires en défense collective des droits, nous apprenions que le Conseil du trésor n’a pas l’intention d’y inclure l’indexation de nos subventions. Alors que l’inflation fait du surplace entre 6 et 7%, il s’agit d’une erreur grave qui doit être corrigée dès la mise à jour économique attendue le 8 décembre.

Qui sont ces groupes de défenses collectives des droits ?

La défense collective des droits est un secteur de l’action communautaire autonome dont la mission est de venir en aide aux personnes dont les droits sont fragilisés, que ce soit de par leur situation économique ou parce qu’elles subissent des discriminations. Ce sont les comités des citoyen-ne-s; les groupes d’aide aux locataires ou qui donnent une voix aux personnes les plus démunies. Ce sont également les groupes d’aide aux consommateurs et consommatrices, aux chômeurs et chômeuses.

Au cours des 5 dernières années, le secteur de la défense de droits, qui rassemble environ 10% des groupes d’action communautaire autonome, a réussi au prix de fortes mobilisations à arracher quelques améliorations de son financement. Bien que les groupes doivent toujours composer avec un sous-financement chronique, ils ont profité de ces gains pour consolider leurs équipes de travail, pour adapter leurs locaux ou tout simplement pour souligner d’une façon plus convenable le travail des bénévoles.

Rappelons que les groupes de défense de droits sont financés via un protocole d’entente de 4 ans qui fixe les règles du jeu et qui surtout fixe le montant de la subvention qui leur sera versée. Pour la presque totalité des groupes, cette subvention varie entre 75 000$ et 125 000$. Cette somme est dérisoire pour verser les salaires, payer le loyer, le téléphone et les multiples activités et services offerts par ces groupes. Sous-financés, ces organismes doivent compter sur le financement provenant de projets ponctuels, de fondations, d’organisations privées, ce qui gruge temps et énergie, et ne permet pas une réelle autonomie des organismes.

En juin dernier, le dépôt par le gouvernement du Plan d’action gouvernemental sur l’action communautaire (PAGAC) permettait une majoration des subventions de quelques milliers de dollars. Ces sommes ont fondu aussi vite que neige au soleil, emportées par l’inflation. Il faut dire que la crise de la main-d’œuvre frappe fort pour un secteur où les conditions de travail ne sont nullement à la hauteur du travail accompli. En effet, les employé-e-s des groupes de défense de droits, qui sont majoritairement des femmes, cumulent des tâches qui, dans le réseau public, méritent un salaire parfois deux ou trois fois plus élevé. Comme c’est le cas pour l’ensemble de l’action communautaire autonome, le gouvernement fait une très bonne affaire, y trouvant un moyen idéal pour déléguer des services à la population sans mettre la main trop profondément dans ses poches.

L’indexation, une question de gros bon sens

Le gouvernement a souvent considéré nos demandes comme démesurées, cette fois on lui demande simplement de ne pas appauvrir les groupes en indexant nos subventions comme il le fait pour d’autres secteurs de l’action communautaire autonome. Il nous semble que François Legault et le Conseil du trésor devraient être à même de faire le calcul qui relève plus du gros bon sens que de la haute finance.

Vania Wright-Larin – Regroupement d’éducation populaire en action communautaire de Québec et Chaudière-Appalaches

Anne-Valérie Lemieux-Breton – Regroupement des groupes de femmes de la Capitale Nationale

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